Le GIEC démontre les conséquences du changement climatique sur les droits humains

Impact disproportionné du changement climatique sur les populations vulnérables

Ce lundi 28 février a été publié le second volet du Sixième Rapport d’évaluation du GIEC[1][2]. Il s’intéresse aux conséquences du dérèglement climatique sur les écosystèmes et les sociétés humaines, ainsi qu’aux moyens mis en œuvre jusqu’ici pour s’adapter à ces changements.

La première partie du Rapport, publiée en août 2021, analyse l’évolution du climat. Les auteurs y indiquent que l’influence humaine sur le réchauffement climatique est incontestable et entraîne des changements rapides et généralisés au-delà de la variation naturelle du climat, notamment des évènements climatiques extrêmes.

A partir de ce constat, le second groupe de travail du GIEC détaille les conséquences de la crise climatique sur les écosystèmes et les populations, dont certaines sont déjà irréversibles. Si l’ensemble des écosystèmes et des populations sont affectés, la vulnérabilité au changement climatique n’est pas la même selon les aires géographiques. Elle varie en fonction de l’utilisation des ressources naturelles mais aussi du développement socio-économique des régions, notamment les inégalités, la marginalisation de certaines catégories de population ou encore les systèmes de gouvernance. Ainsi, les écosystèmes et les populations les plus vulnérables sont affectés de manière disproportionnée par le dérèglement climatique. Par exemple, l’accès à l’eau et la sécurité alimentaire sont réduits, notamment en Afrique, en Asie, en Amérique centrale ou du Sud, en Arctique et pour les petites îles. Selon le Rapport, entre 3,3 et 3,6 milliards d’êtres humains vivent dans des « contextes de haute vulnérabilité au changement climatique ».

Le GIEC note également que les risques et conséquences liés au changement climatique deviennent toujours « plus complexes et plus difficiles à gérer » à mesure que leur interdépendance s’accroît. Par exemple, la baisse des rendements agricoles due à la chaleur et aux sécheresses, liée à une baisse de productivité de la main d’œuvre en raison de la chaleur, affecte la sécurité alimentaire et entraine une hausse des prix, et par conséquent des risques de malnutrition et de mortalité.

Justice sociale et égalité pour développer la résilience au dérèglement climatique

Si des efforts d’adaptation au changement climatique sont observés dans toutes les régions, ceux-ci sont inégalement répartis et privilégient souvent des solutions de court terme. Alors que le réchauffement climatique s’intensifie, la faisabilité et l’efficacité de ces mesures s’amenuisent. Le Rapport invite ainsi à mettre en œuvre des réponses multisectorielles, de long terme et inclusives, tenant compte des problématiques environnementales mais aussi sociales. Pour développer la résilience au changement climatique, il est indispensable que les gouvernements, le secteur privé et la société civile priorisent les questions de justice sociale et d’égalité et, plus largement, le respect des droits humains.

Pour autant, certaines mesures d’adaptation au changement climatique entraînent de nouveaux risques pour les écosystèmes et les sociétés humaines. Des projets de reforestation, de stockage ou de captage de carbone, par exemple, peuvent donner lieu à des déplacements de populations. Ceux-ci, non consentis ou mal anticipés, pourraient réduire l’accès aux ressources naturelles, la sécurité alimentaire ou la disponibilité de l’eau pour les communautés locales. De la même manière, la mise en place de systèmes de taxation du carbone peut entraîner une hausse des prix de l’énergie et un accès moindre aux services publics pour des populations vulnérables. Les entreprises qui souhaitent investir dans des solutions fondées sur la nature pour atténuer leur impact sur le climat doivent mener une diligence raisonnable afin de s’assurer que les populations et les environnements locaux sont dûment protégés.

Le rôle des entreprises pour intégrer les droits humains dans la mise en œuvre de l’adaptation au changement climatique

Plus généralement, la mise en œuvre de l’adaptation au changement climatique doit intégrer une participation effective et informée de l’ensemble des parties prenantes pour assurer le respect et la protection de leurs droits humains. En particulier, les mesures proposées doivent tenir compte, au sein même de chaque ensemble de parties prenantes, de la vulnérabilité accrue de certains groupes (par exemple, les femmes, les minorités de genre ou les travailleurs migrants) qui sont eux-mêmes déjà l’objet de multiples formes d’inégalité. Les entreprises ont un rôle essentiel à tenir et devraient prendre l’initiative de mettre en œuvre des mesures d’adaptation appropriées, en adoptant une approche intégrée qui inclut les droits de l’homme, les problématiques environnementales et celles liées au climat.

GoodCorporation accompagne les entreprises en matière d’identification, de prévention et de remédiation de leurs impacts sur les droits humains au sein de leurs activités et pour l’ensemble de leurs relations commerciales. La prise en compte et la consultation des parties prenantes internes et externes est un pan essentiel de nos travaux.


[1] Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (en anglais, Intergovernmental Panel on Climate Change)

[2] Le Sixième Rapport d’évaluation du GIEC a été rédigé par 270 scientifiques à partir de 34 000 études. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site du GIEC (principalement en anglais). Une troisième et dernière partie du Rapport sera publiée en avril 2022, ainsi qu’une synthèse des trois volets en septembre.